Pascale MIJARES 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Il est impossible de s'asseoir, aie aie aie ouille aie
Restitution de résidence « terre de légendes » CHBD de Laragne-Montéglin
Photographies Jean-Christophe Lett

Résidence menée entre juin 2023 et juillet 2024 au Centre Hospitalier Buëch-Durance à Laragne-Montéglin (Hautes-Alpes) qui a associé des enfants de l’école élémentaire et du collège de Laragne-Montéglin, des patients et des résidents du CHBD, les habitants usagers du CMP et l'hôpital de jour pour enfants de Laragne-Montéglin ainsi que celui de Briançon.
Cette résidence a été menée, en coopération entre le Parc naturel régional des Baronnies
provençales et le Centre Hospitalier Buëch-Durance. Il s’intègre au projet « Terres de
légendes », conduit par les 9 Parcs naturel régionaux de la Région SUD, grâce au soutien
technique et financier de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Provence-Alpes-
Côte d’Azur et de la Région SUD.

 
La pièce principale est un pont. Un pont émergeant d’une terre à sec où l’eau ne coule plus, mais qui aurait pu aussi servir de banc pour se reposer à l’ombre d’un arbre tout en gardant son sens premier qui est celui du passage, de la liaison, de l’échange, la migration, de la voie du destin en quelque sorte…
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LeLe CHBD qui enchaîne les résidences d’artistes, présentait les œuvres de Pascale Mijares à l’occasion de sa sortie de résidence dans la chapelle du centre hospitalier.
La pièce principale est un pont. Un pont émergeant d’une terre à sec où l’eau ne coule plus, mais qui aurait pu aussi servir de banc pour se reposer à l’ombre d’un arbre tout en gardant son sens premier qui est celui du passage, de la liaison, de l’échange, de la migration, de la voie du destin en quelque sorte. Le pont enjambe les frontières naturelles que sont les rivières, les ravins, les dépressions. Ces dernières sont peut-être aussi, celles que les humains essayent de surmonter ici, et qui ont inspiré Pascale Mijares.
Un passage entre deux mondes
L’hôpital psychiatrique, en périphérie et pourtant si présent et si important pour la ville de Laragne, est un ilot fermé statique, de repos, que le pont relie mentalement à la ville qui est un lieu actif, dynamique, de mouvement. Un objet de communication entre la folie et le normalité qui enjambe la dépression qui les sépare. Le passage que ce pont symbolise est aussi celui que Pascale a pris pendant le temps de sa résidence, par intermittence, dans ses allées et venues entre l’hôpital, le collège, et le Centre Médico Psychologique du moulin où elle a réalisé avec les adultes qui le fréquentent, des objets qui sont eux aussi liés au déplacement : des baskets et des planches de skate- board, qui ont trouvé leur place sur la sculpture soulignant encore une fois le mouvement du passage, de la transition. Plus loin dans la perspective de l’installation, l’autel a été transformé en bateau par le recouvrement de la croix, d’une toile qui en fait une voile, et qui vient à la rencontre de celui qui est sur le pont. C’est un ponton désormais, où ce bateau pourra accoster. Dans cette chapelle, il pourrait symboliser le passage de la vie à trépas, serait-ce la barque de Charon ?
Comme toute œuvre d’art les interprétations sont multiples, chaque visiteur peut avoir la sienne.
Le principe des résidences au CHBD propose l’ouverture aux patients et la liberté d’implication à ceux qui en ont envie. Potentiellement, cela fait partie des soins. Pendant toute la durée de son séjour, Pascale les a reçu dans la chapelle qui était devenue son atelier. Certains sont devenus des fidèles, des réguliers, qui ont fini par participer pleinement à son travail. En s’accaparant une des significations de ce pont à sec : la sècheresse, ils ont proposé de l’entourer de Cactus et chacun a fait le sien, l’a peint ou décoré d’objets intimes. L’un d’eux venait jouer de l’harmonica, un autre du piano désaccordé, d’autres, enfin se contentaient de passer et de rester là à regarder ou d’apporter des cadeaux : un coquillage, un bout de ficelle, des plumes, un caillou, des cadeaux qui n’ont de sens que celui de donner un bout de son intimité.
Une exposition personnelle aux allures d’exposition collective.
Tous ces objets faisaient partie de l’exposition comme les mangeoires à oiseaux qui ont été réalisées par les enfants de l’hôpital de jour des Isles, ainsi que les dessins d’un patient qui s’est installé sur une table avec ses crayons de couleur et qui venait dessiner avec Pascale Mijares.

Pedro Lino Pereira


 
 
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